N°3 : Ogres et sorcières. Autres regards sur la société technicienne

Curieux sujet pour ce dossier… et lien peu évident que celui entre les sorcières et la société industrielle. Pourtant, un des actes fondateurs de la modernité n’aurait-il pas été, selon Françoise d’Eaubonne, la grande chasse aux sorcières des XVIe et XVIIe siècle comme sexocide de masse sur toute une partie de l’Europe (1) ? Au cœur de notre société contemporaine et de ses enjeux, d’autres regards apportent un éclairage original de la question écologiste.

Nous trouverons bien quelques grognons qui soutiendront que les contes de fées détournent de l’urgence écologiste et sociale. Avant de faire des histoires de sorcières le nouvel opium du peuple, voire, pire, une « distraction », analysons la pertinence de ces approches alternatives.

La société technicienne dans laquelle nous vivons repose notamment sur un imaginaire social de maîtrise rationnelle, et en premier lieu de maîtrise rationnelle du vivant. Néanmoins, cela ne signifie pas que cette société demeure invariablement sur le terrain de la stricte logique. Les décennies de triomphe du positivisme au XIXe siècle n’ont-elles pas été également celles du spiritisme, parfois colporté par les mêmes acteurs ?

Pour cela, le recours à un champ d’analyse métaphysique nous permet d’identifier des mécanismes à l’œuvre, de témoigner sur les pratiques du pouvoir technicien pour mieux les conjurer. Ce champ est aussi pour certains le terrain d’expression d’une résistance et d’une espérance sociale et écologiste.

Ogres et sorcières habitent les peurs et les rêves des écologistes. L’An 02 les a rencontré·e·s pour vous.

(1) Françoise d’Eaubonne, Le Sexocide des sorcières. Fantasme et réalité , L’Esprit frappeur, Paris, 1999.

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